Il m’a fallu beaucoup de temps et d’échecs avant de réussir à devenir sobre. J’ai connu la dépendance pendant vingt ans. J’ai mis plus de dix ans à réaliser que j’avais un problème avec l’alcool et dix années de plus pour arrêter de boire. Aujourd’hui, au-delà de mon histoire, j’avais envie de partager avec vous mon témoignage « Dry January ».
La force du Dry January
Avant d’évoquer mes tentatives infructueuses pour relever le défi, je voulais insister sur tout ce que le Dry January m’a offert dès le début de mes essais :
- L’occasion de questionner ma relation à l’alcool
- La possibilité de faire une vraie pause d’alcool et d’en ressentir les bénéfices (même si ce n’était que quelques jours au départ)
- L’apprentissage et le développement de stratégies pour me passer d’alcool
- L’opportunité d’être soutenue par les autres participants
- L’avantage d’être encouragée par la communication et les articles liés au Dry January pendant tout le mois de janvier.
La situation au départ :
Quand on est dépendant à l’alcool, les occasions de remettre en question sa propre consommation ne sont pas très nombreuses. De mon côté elles étaient même quasiment inexistantes : je buvais en cachette, personne ou presque ne connaissait mon problème d’addiction. Aussi, ni mes proches, ni mon entourage professionnel ne risquaient d’aborder le sujet avec moi. Les médecins consultés à l’époque de ma dépendance ne m’ont jamais posé la moindre question sur ma relation à l’alcool. J’étais donc « tranquille » pour boire.
Pourquoi le Dry January mérite vraiment d’exister ?
Au niveau de la société en général, l’alcool est un sujet qui reste encore tabou et très largement évité. Quand on en parle, c’est toujours pour mettre en avant le côté festif de la consommation, beaucoup plus rarement pour parler de dépendance. Le Dry January m’a permis de me poser des questions et de réaliser que je ne pouvais pas arrêter de boire si facilement. Il a été le déclencheur de mes premiers pas vers la sobriété. Je suis loin d’être la seule à reconnaître l’utilité de Dry January dans la prise de conscience d’un problème de consommation. Je suis vraiment reconnaissante à ceux qui se sont battus pour l’imposer en France.
De nombreux échecs du Dry January
La première fois que j’ai tenté de relever le défi du mois de janvier sans alcool, j’ai tenu quelques jours seulement. Je n’avais rien anticipé, et rien programmé. Arrêter de boire pendant un mois ne se décide pas à la légère, surtout quand on a un problème de dépendance. A la première tentation j’ai donc craqué sans en être vraiment étonnée. L’année suivante j’ai tenu treize jours, c’était déjà mieux que la première tentative. Et même si c’était un nouvel échec, il y avait quand même une progression. L’année suivante, trop fière de moi, j’ai tenu bon tout le mois de janvier. J’avais, au fil du temps, progressé dans la sobriété et appris de mes erreurs passées.
Le revers de la médaille
Il n’y avait pas vraiment de quoi être fière, car dès le premier février j’ai recommencé à boire, peut-être plus encore qu’avant. Tenir un mois sans alcool m’avait donné bonne conscience et m’a laissé croire que je n’avais pas de problème avec l’alcool. Si je pouvais tenir un mois complet sans boire, c’est que je n’étais pas dépendante ! Sauf que les choses sont plus compliquées que cela. J’en ai pris conscience, là encore, grâce aux expériences vécues avec le Dry January.
Les leçons du Dry January
Le Dry January a été un excellent exercice pour moi. D’abord il m’a permis de réfléchir avec sincérité à ma consommation d’alcool. Ensuite il m’a donné l’occasion d’apprendre et de développer des stratégies pour me passer d’alcool pendant quelques temps. Pour autant, ce défi n’a pas réglé mon problème d’addiction. Arrêter de boire 31 jours de suite n’a pas guéri ma dépendance ni réglé mes problèmes. Même si je pouvais me passer d’alcool un mois entier, il fallait mettre en place d’autres actions concrètes pour changer ma relation à l’alcool. Grâce au Dry January j’ai réalisé à quel point ma relation à l’alcool était compliquée et problématique. L’alcool prenait trop de place dans ma vie et me pourrissait au quotidien. Un mois de sobriété par an ne suffisait pas pour moi, je l’ai compris grâce aux essais ratés et réussis du Dry January.
La sobriété à l’année
Quand j’ai eu le courage de regarder mon addiction en face j’ai pris la décision d’arrêter de boire définitivement. Les « échecs » passés ont été autant de leçons utiles et d’apprentissages intéressants. Arrêter de boire demande du temps. Les rechutes font partie du processus, je les ai acceptées. Après des années de doutes et de peurs j’ai décidé de faire face à mes angoisses sans « l’aide » de l’alcool. Oui, grâce à ce long cheminement, j’ai pu décider qu’il était temps pour moi d’embrasser la sobriété. Il m’a fallu du temps, du courage, des larmes et encore bien des apprentissages pour y arriver mais quel bonheur à la fin !! Ou plutôt quel bonheur au début de ma vie sans alcool.
La liberté retrouvée
Si j’avais su à quel point la vie sans alcool était merveilleuse, je me serais peut-être réveillée plus tôt. J’étais persuadée que je ne pourrais pas me passer d’alcool. Je croyais, à tort, avoir besoin d’alcool pour survivre. Quelle erreur de jugement ! Je propose mon témoignage Dry January pour partager cette expérience d’une vie sans alcool pleine de joie. J’ai retrouvé la liberté, gagné en énergie, en confiance et en courage aussi. L’alcool ne m’aidait pas, au contraire, il entretenait mes peurs et mes angoisses. Maintenant je peux faire face à tous les défis de la vie sans avoir besoin de boire et cela fait toute la différence, croyez-moi.
Après le Dry January
Comme vous l’avez compris, ma vie a été métamorphosée grâce à l’arrêt de l’alcool. Si j’ai un conseil à vous donner c’est de vous servir du Dry January comme d’un merveilleux levier. N’arrêtez pas de vous poser des questions concernant votre relation à l’alcool passé le 31 janvier mais continuez vers plus de sobriété, plus d’apprentissages et plus d’expérimentations d’une vie sans alcool. Laurence Van Accoleyen
Mémo utile
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5 bonnes raisons d’arrêter de boire